Je vous imagine sur la route des vacances.
Si, si, tout y est...le soleil, les tongs, la casquette, l'état d'esprit...Bref ! Difficile en ces jours de canicule de penser à autre chose !
Et moi, toute moite devant mon écran, pour vous parler de la route de vos vacances et d'un endroit incontournable (à mes yeux !) la drôme et la découverte du sirop d'Eyguebelle !
Il me faut d'abord vous présenter l'abbaye "Notre Dame d'Aiguebelle" à Montjoyer car c'est là que tout à commencé.
Aiguebelle a été fondée en 1137, aux confins du Dauphiné et de la Provence, par les moines de Morimond, quatrième fille de Cîteaux fondée en 1115 en
Champagne.
Le monastère est bâti dans un vallon isolé, comme le voulait la tradition cistercienne, au confluent de trois ruisseaux, d'où le nom de "belles eaux", Aiguebelle.
Au XII° siècle, le monastère bénéficie des donations des seigneurs voisins et accroît considérablement son domaine : il possède des terres jusqu'au pied du Mont Gerbier-de-Jonc.
À partir du XIV° siècle, les épreuves vont se multiplier : guerre de Cent Ans, peste noire, chute des vocations, surtout des frères convers qui entretenaient les granges et les terres. Les possessions sont pour la plupart données en bail. Après 1515, les abbés ne sont plus élus par les moines mais nommés par le roi : ce sont les abbés commendataires, extérieurs au monastère et qui ne se préoccupent donc pas toujours des nécessités de leurs moines ni de la ferveur de leur communauté. Lors de la dispersion des moines en 1791, ils ne sont plus que trois. Le monastère est alors pillé puis vendu comme bien national. Son éloignement par rapport aux voies de communication va le sauver de la démolition.
L'absence des moines durera moins de 25 ans : en 1815, un groupe de cisterciens vient faire revivre le monastère. Ils viennent de Suisse et sont issus d'un groupe de moines français de l’abbaye de La Trappe qui, sous la conduite du Père Augustin de Lestranges, ont parcouru toute l'Europe pourchassés par les armées révolutionnaires et permettent le renouveau monastique et cistercien en France après la chute de Napoléon.
La communauté d'Aiguebelle va se développer rapidement : en 1850, elle compte 233 moines, et fonder de nombreux autres monastères dont la plupart sont toujours vivants : Staouéli qui deviendra N.D. de l'Atlas en Algérie (d'où sont nés deux nouvelles communautés : N.D. de Tibhirine en Algérie et N.D. de l'Atlas au Maroc), Les Neiges en Ardèche, le Désert près de Toulouse, les Dombes au nord-est de Lyon, Acey dans le Jura puis Koutaba au Cameroun. Elle assure aussi la paternité d'une communauté de moniales : N.D. de Bon Secours (Blauvac) dans le Vaucluse.
Filiation
Notre-Dame d'Acey dans le Jura
Notre-Dame de Bon Secours à Blauvac (fabrique d'hosties)
Notre-Dame de Koutaba au Cameroun (fabrique de café)
Notre-Dame de l'Atlas pour les frères survivants de Tibhérine regroupés dans le Moyen-Atlas à 200km de Fès
Après avoir longtemps travaillé la terre, les moines d'Ayguebelle ont monté successivement une chocolaterie, une filature et une distillerie.
Depuis 1996, leur produit principal est une boisson tonifiante à base de 52 plantes : l'ALEXION.
Le baume de massage d'Aiguebelle aux huiles essentielles d'eucalyptus,sauge,romarin,thym et lavandin.
D'après un article paru en octobre 1996 dans Le Point, le passage de Aiguebelle à Eyguebelle ne s'est pas fait sans problèmes !
Quand les moines construisirent leur distillerie artisanale, c'était pour répondre à la règle de St Benoît (qui leur demande de vivre de leur travail)
L'entreprise est prospère à tel point que, dans les années 80, son PDG le père don Helred, mène grand train...et fait 50 millions de francs de chiffre d'affaires.
Mais la conjoncture se retourne et les trappistes pour s'en sortir fabrique de la vodka pour le marché russe. Mais des camions se perdent mystérieusement aux Pays-Bas, et pour finir les Russes leur laissent une ardoise de près de 4 millions de francs....Le coup est fatal, avec un passif de 5,5 millions de francs, les moines sont contraints de déposer le bilan et de licencier les salariés (et oui il en faut pour dégager 50 millions de francs !)
Quand un PDG nommé pour l'intérim réussit à limiter les dégâts et dégage à nouveaux des bnéfices, les moines ne veulent plus entendre parler de cette entreprise pour se consacrer à leur vie spirituelle, ils décident également de priver la distillerie de la marque "Abbaye d'Aiguebelle"
Et AIGUEBELLE DEVIENT AINSI EYGUEBELLE (bientôt la suite)